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Pour une critique de la traduction des chengyu

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Presentation on theme: "Pour une critique de la traduction des chengyu"— Presentation transcript:

1 Pour une critique de la traduction des chengyu
Altérité, proximité, découverte : la traduction, passage entre la Chine et l’Occident 差异、接近、发掘——翻译:中西方之间的穿越 Bruxelles, décembre 2015 Pour une critique de la traduction des chengyu Kevin HENRY 韩晋文 Université libre de Bruxelles Shanghai International Studies University 上海外国语大学

2 Plan de la présentation
Définition des chengyu Examen phraséologique Considérations traductologiques Présentation du cadre de recherche État de l’art Notre modèle de critique des traductions Exemple pratique Analyse d’un extrait de La berge de Su Tong

3 Définition des chengyu
Malgré l’ancienneté et l’importance de ce fait phraséologique, les chengyu du chinois ont fait l’objet de peu d’études approfondies dans les langues occidentales (en français, uniquement Sabban 1980). Chez les auteurs chinois, l’absence de consensus règne quant aux caractéristiques définitoires des chengyu. Nos recherches nous ont amené à qualifier les chengyu de phrasèmes « hybrides », à mi-chemin entre les expressions idiomatiques et les parémies, dans le sens habituel de ces termes en phraséologie fonctionnelle occidentale.

4 Définition des chengyu
Les expressions idiomatiques sont des séquences polylexicales à contenu catégoriel verbal qui se caractérisent sémantiquement par leur non-compositionnalité, au moins partielle, qui peut être le résultat d’un procédé tropique (essentiellement la métaphore ou la métonymie). Elles se définissent syntaxiquement par un degré minimal de fixité et lexicalement par une fermeture, au moins partielle, des classes paradigmatiques. (Bolly 2011) Les parémies sont des unités polylexicales phrastiques véhiculant un contenu sémantique autonome (signifié global). […] Une parémie est un énoncé : autonome, générique, c.-à-d. une phrase « ON-sentencieuse » ; minimal, c.-à-d. qui « ne peut être subdivisé en deux sous-énoncés dont un au moins serait aussi une parémie » ; à caractère sentencieux ; avec une structure rythmique. (Anscombre 2003)

5 Définition des chengyu
Points communs des chengyu avec les parémies Très fortes contraintes métriques et syntaxiques, notamment dues à leur quadrisyllabicité prototypique ; « Parallélisme » ou « symétrie » très courants ; Parataxe et décrochage référentiel (y compris en présence de numéraux) ; Respect des structures syntaxiques générales du chinois moderne — du moins dans sa norme écrite —, mais ajustement avec le rythme quaternaire obligatoire ; Abondance du redoublement et/ou de patrons récurrents, proches des « matrices lexicales » (Anscombre 2003, 2011) ; Existence de variantes idiolectales.

6 Définition des chengyu
Points communs des chengyu avec les expressions idiomatiques Phrasèmes non phrastiques rarement employés isolément ; Dotés d’un « sens idiomatique » analysable, plutôt que d’un « sens proverbial », sens compositionnel couplé à un sens formulaire non analysable (Tamba 2011) ; Figement diachronique et présence résultante de morphèmes lexicaux « archaïques », c’est-à-dire non libres. Caractéristiques propres aux chengyu Fonctions syntaxiques très hétérogènes, variables d’un chengyu à l’autre : actants, prédicats, circonstants, ou emploi épiphonémique (Sabban 1980), c.-à-d. proverbial, dans le discours argumentatif ; Origine dans la tradition de la koinè littéraire, d’où un caractère normalement « écrit » ou « savant ».

7 Définition des chengyu
Notre propre définition pratique des chengyu, inspirée notamment des travaux de 马国凡 (1978) et 温端政 (2006) : Séquences polylexicales [多字词汇单位] relativement figées [定型] de nature syntagmatique [词组] ou phrastique [短句] suivant un rythme quaternaire [四字格] divisé phonétiquement et/ou syntaxiquement en deux hémistiches [二二相承] et contenant fréquemment un fort contenu allusif [典故].

8 Définition des chengyu
Particularités dignes d’intérêt pour les traductologues : Conventionnalisation très forte (« voix de la tradition »), renforçant leur puissance énonciative et argumentative ; Possibilité de défigement, et donc de jeux de mots ; Structure rythmique distinctive, profondément ancrée dans la poétique chinoise (cas particulier des suites de chengyu) ; Très fréquemment, introduction d’une intertextualité par la condensation d’un événement historique ou d’une légende populaire, voire par la citation directe de textes anciens ; Registre de langue élevé et formel en raison de leur caractère ordinairement écrit ou savant.

9 Cadre de recherche L’attrait grandissant manifesté pour la littérature chinoise appelle à une critique de la traduction de ces œuvres. En Occident, la critique des traductions littéraires reste peu pratiquée. Les principaux essais de formalisation sont ceux de Reiß (1971), van Leuven-Zwart ( ), Berman (1995) et Hewson (2011). Aucun n’aborde des langues extraeuropéennes. En Chine, les critiques des traductions sont longtemps restées impressionnistes et parcellaires et manquent de systématicité. Les essais plus récents (许钧 1992, 奚永吉 2001, 冯庆华 2002, 杨晓荣 2005, 王宏印 2006, 温秀颖 2007, etc.) se focalisent sur la nature, la fonction, la taxinomie, l’objet, les principes ou l’éthique de la critique, sans proposer de modèle concret. De notre côté, nous avons choisi d’évaluer l’impact de la traduction des chengyu sur la réception de romans chinois.

10 Cadre de recherche Notre corpus d’étude est constitué de quatre œuvres de littérature chinoise contemporaine et de leurs traductions françaises publiées : 高行健 Gao Xingjian, 《灵山》 La montagne de l’Âme, 1990, traduit en 1995 par Noël et Liliane Dutrait 莫言 Mo Yan, 《酒国》 Le pays de l’alcool, 1993, traduit en 2000 par Noël et Liliane Dutrait 余华 Yu Hua, 《兄弟》 Brothers, 2003, traduit en 2008 par Isabelle Rabut et Angel Pino 苏童 Su Tong, 《河岸》 La berge, 2009, traduit en 2012 par François Sastourné Un questionnaire a été envoyé aux traducteurs à propos de leur stratégie générale et de leur traitement des chengyu.

11 Cadre de recherche Notre modèle critique en trois étapes, s’inspire de celui de Lance Hewson (2011) : Analyse quantitative sur 11 critères de la traduction de l’ensemble des chengyu des œuvres de notre corpus Analyse qualitative dans un ensemble restreint d’extraits soigneusement choisis (à partir de critiques littéraires spécialisées des œuvres en question) des effets que la traduction des chengyu produit sur le potentiel interprétatif et sur la polyphonie des récits. Analyse macroscopique basée sur l’addition des résultats obtenus à l’étape 2 et sur leur confrontation avec les conclusions statistiques de l’étape 1 pour livrer un compte rendu des effets traductifs observés et inscrire les traductions étudiées dans une typologie.

12 Cadre de recherche Les 11 critères sont dérivés de Vinay et Darbelnet (1958) : Mode de traduction : indirect, calque, calque mitigé, élimination Longueur : économie, réduction, ni économie ni réduction Sens : même sens, sens modifié Tropes et images : Ø, ajout, disparition, conservation totale, conservation partielle, modification Jeu de mots : Ø, ajout, suppression, conservation Registre : similaire, abaissé, rehaussé Figement : oui, non, partiel Connotation et intertextualité : Ø, ajout, perte, similaire, modifié Rythme : Ø, conservé, modifié Topicalisation et focalisation : Ø, conservé, modifié Modulation : oui, non

13 Cadre de recherche L’analyse qualitative réalisée au niveau mésoscopique distingue deux types d’effets traductifs, les effets de voix et les effets interprétatifs, chacun divisé en trois catégories. Les effets de voix couvrent la manière dont est conservé ou modifié l’ensemble des « voix » du texte : auteur, traducteur, commentateur, narrateur, protagonistes. Accrétion = voix plus marquée, plus affirmée, embellie ou bien étoffée et plus volubile ; Réduction = voix moins affirmée, caractérisée par un appauvrissement, une rationalisation ou une homogénéisation du style, une réduction d’articulation, un affaiblissement stylistique ou encore un certain laconisme ; Déformation = voix modifiée ; points de vue, récit, descriptions, commentaires altérés.

14 Cadre de recherche Les effets interprétatifs correspondent à la manière dont les choix traductifs affectent les interprétations potentielles du passage en question. Expansion = enrichissement des interprétations potentielles ; Contraction = réduction des interprétations potentielles ; Transformation = absence de lien entre les lectures possibles des textes source et cible.

15 Cadre de recherche Les effets observés au niveau macroscopique, formés par l’accumulation des effets au niveau mésoscopique, sont les suivants : Niveau mésoscopique Niveau macroscopique Voix Accrétion Accentuation Traduction ontologique Traduction hybride Réduction Concision Déformation Anamorphose Interprétation Expansion Gonflement Traduction idéologique Traduction métamorphique Contraction Rétrécissement Transformation Transmutation

16 Exemple pratique 每个地方都有自己的传奇,邓少香的传奇扑朔迷离[1]。关于她的身世,一个最流行的说法是其父在凤凰镇开棺材铺,她是家中唯一的女孩子,所以人称棺材小姐。棺材小姐邓少香是如何走上革命道路的?说法版本不一。她娘家凤凰镇的人说她从小嫉恶如仇[2],追求进步。镇上别的女孩嫌贫爱富[3],她却是嫌富爱贫[4],自己相貌出众,家境也殷实,偏偏爱上一个在学堂门口卖杨梅的泥腿子果农。概括起来,这说法与宣传资料基本保持一致,她出走凤凰镇,是为了爱情,为了理想。 Chaque lieu a ses légendes, mais celle de Deng Shaoxiang est complexe à souhait [1]. Selon la version la plus répandue, son père vendait des cercueils dans le bourg de Fenghuang et, comme elle était fille unique, on l’appelait Mademoiselle Cercueil. Comment Mademoiselle Cercueil avait-elle emprunté les sentiers de la révolution ? Il y a plusieurs variantes. D’après les gens de Fenghuang, elle avait toujours, depuis l’enfance, abhorré le mal et prisé le bien [2] ; au contraire des autres filles du bourg, elle préférait la pauvreté à la richesse [4]. Bien que d’une beauté peu commune et de famille aisée, elle était tombée amoureuse, envers et contre tout, d’un cul-terreux qui vendait des fruits à la sortie de l’école. Cette leçon correspond à peu près à celle de la propagande, selon laquelle elle aurait quitté Fenghuang par amour, par idéal. (Su Tong, La berge, p. 12) [1] Accrétion et contraction [2], [3], [4] Déformation

17 Exemple pratique 一定是我心虚的原因,我总觉得慧仙在镜子里看我,我越是想表现得坦荡,就越是坐立不安[1]。其实我不知如何与慧仙相处,过去不懂,现在还是不懂。我甚至不知道怎样跟她打招呼——以前在船队的时候,我从来不叫她的名字,也不敢叫她向日葵,我叫她“喂”,我一叫“喂”,她就过来了,知道我有零食给她吃。现在她变了,我也变了,更不知道该怎么和她说话了。我想来想去,还是决定听天由命[2]——如果慧仙先跟我说话,算我走运,如果她不愿意搭理我,也没什么大不了的,说到底,我不是来跟她说话套近乎的,我是来监督她的。 Je devais avoir mauvaise conscience, j’avais l’impression que Huixian me regardait tout le temps dans le miroir. Plus j’essayais d’avoir l’air naturel, plus je me tortillais [1]. La réalité était que je ne savais pas comment m’y prendre avec Huixian, je ne l’avais jamais su, et je ne le savais toujours pas. Je ne savais même pas comment l’aborder. Autrefois sur les barges, je ne l’appelais jamais par son prénom, ni même Tournesol, je disais juste « Hé ! Ho ! », cela suffisait pour qu’elle vienne, elle savait que j’aurais quelque bricole à grignoter pour elle. Maintenant elle avait changé, moi aussi, et je savais moins que jamais comment lui parler. Je me creusai les méninges, puis je décidai de laisser faire la nature [2] : si Huixian parlait en premier, tant mieux, et si elle ne voulait pas me parler, ce ne serait pas grave. Après tout, je n’étais pas là pour lui faire la causette et me faire valoir, mais pour la surveiller. (Su Tong, La berge, pp. 334) [1] Ø [2] Transformation

18 Exemple pratique 她对我莞尔一笑[1],惊喜的表情中夹杂着困惑。我看着她绞尽脑汁[2]回忆我名字的样子,心里沮丧极了,怎么也没想到,她竟然记不起我的名字了,不管是库东亮,还是东亮哥哥,哪怕是我的绰号空屁,她至少应该说出来一个吧?她的兰花手指朝我翘了半天,终于放下来了,脸上流露出歉意来,看我这什么烂记性,我明明记得的,怎么说忘就忘了?什么亮?你是向阳船队七号船的?我记得的,你们家船舱里有一张沙发!你别那么怪里怪气[3]地看着我嘛,不过是一时想不起你的名字来了。她一定是注意到了我失望的表情,内疚地笑着,转身环顾店堂里的人,他叫什么?你们谁快提醒我一下呀,说一个字就行,我肯定能记起来的。 Elle me souriait [1], à la fois agréablement surprise et perplexe. Elle fouillait sa mémoire [2] pour se rappeler mon nom, et cela me déprima : je n’avais pas imaginé qu’elle l’aurait oublié. Que ce soit Ku Dongliang, ou Grand Frère, ou même mon surnom Pet-en-l’Air, arriverait-elle à en dire un, au moins un ? Ses doigts écartés en forme de fleur, sa main resta en l’air un moment, puis elle finit par baisser le bras. L’air de s’excuser, elle dit : « Quelle mauvaise mémoire, je l’ai sur le bout de la langue. Dong quoi ? Tu viens de la flottille du Tournesol, de la barge no 7 ? Je sais, chez vous il y a un sofa ! Pas la peine de me regarder comme ça [3] ! Je n’arrive pas à me souvenir de ton nom, c’est tout, ça va me revenir. » Elle avait dû lire la déception dans mon regard. Elle souriait, un peu gênée. Elle regarda les clients du salon : « Comment s’appelle-t-il ? Aidez-moi, ça va me revenir, j’en suis sûre. » (Su Tong, La berge, pp.  ) [1] Réduction [2] Ø [3] Expansion

19 Exemple pratique 你怎么啦?看你失魂落魄[1]的,是刚偷过东西,还是刚杀过人?她狐疑地盯着我的脸,一边跟我打趣,几年不见了,你怎么还是怪里怪气[2]的?不剃头,你跑理发店干什么? 我被她问得哑口无言[3]。她不过是要给我剃个头而已,我为什么这么害怕呢?我到底在怕什么?我觉得自己心里有鬼,心里有鬼嘴里就支支吾吾起来,今天剃头来不及了,我爹身体不好,得回去给他做饭了。 « Qu’est-ce que tu as ? Tu baisses la tête comme un criminel [1], tu viens de voler quelque chose, tu as tué quelqu’un ? » Elle me regarda d’un air soupçonneux, tout en se moquant gentiment de moi : « Ça fait quelques années qu’on ne s’est pas vus, tu es toujours aussi bizarre [2]. Si tu ne veux pas qu’on te coupe les cheveux, pourquoi viens-tu chez le coiffeur ? » Je ne trouvai rien à répondre [3] à sa question. Elle voulait simplement me couper les cheveux, de quoi avais-je si peur ? De quoi, au juste ? Je trouvais que des idées malsaines me passaient par la tête, et du coup je bégayai : « Aujourd’hui je n’ai pas le temps, mon père ne va pas bien, il faut que j’aille lui faire à manger. » (Su Tong, La berge, p. 340) [1] Accrétion et transformation [2] Ø [3] Contraction

20 Bibliographie Anscombre, Jean-Claude (2003) : « Les proverbes sont-ils des expressions figées ? », Cahiers de Lexicologie 82 (1), pp.  Anscombre, Jean-Claude (2011) : « Figement, idiomaticité et matrices lexicales », in Anscombre Jean-Claude & Mejri Salah (dir.), Le figement linguistique : la parole entravée, Paris/Genève, Honoré Champion, pp. 17-40. Berman, Antoine (1995) : Pour une critique des traductions — John Donne, Paris, Gallimard. Bolly, Catherine (2011) : Phraséologie et collocations : Approche sur corpus en français L1 et L2, Bruxelles, Peter Lang. Hewson, Lance (2011) : An Approach to Translation Criticism—Emma and Madame Bovary in Translation, Amsterdam & Philadelphia, John Benjamins. Leuven-Zwart, Kitty van (1989) : « Translation and Original. Similarities and Dissimilarities, I », Target 1, pp. 151–181. Leuven-Zwart, Kitty van (1990) : « Translation and Original. Similarities and Dissimilarities, II », Target 2, pp. 69–96. Reiß, Katharina (1971/2002) : La critique des traductions, ses possibilités et ses limites (traduit de l’allemand par Catherine Bocquet), Cahiers de l’Université d’Artois 23/2002, Arras, Artois Presses Université. Sabban, Françoise (1980) : Idiotismes quadrisyllabiques en chinois moderne, Hong Kong/Paris, Éditions Langages croisés. Tamba, Irène (2011) : « Sens figé : Idiomes et proverbes », in Anscombre Jean-Claude & Mejri Salah (dir.), Le figement linguistique : la parole entravée, Paris/Genève, Honoré Champion, pp.  Vinay, Jean-Paul & Darbelnet, Jean (1958) : Stylistique comparée du français et de l’anglais, Paris, Didier. 冯庆华(2002):《文体翻译论》,上海,上海翻译出版社。 奚永吉(2001):《文学翻译比较美学》,武汉,湖北教育出版社。 杨晓榕(2005):《翻译批评导论》,北京,中国对外翻译出版公司。 温秀颖(2007):《翻译批评——从理论到实践》,天津,南开大学出版社。 温端政(2006):《汉语语汇学》,北京, 商务印书馆。 王宏印(2006):《文学翻译批评论稿》,上海,上海外国语教育出版社。 许钧(1992):《文学翻译批评研究》,南京,译林出版社。 马国凡 (1978):《成语》, 呼和浩特,内蒙古人民出版社。

21 谢谢诸位的聆听! Merci de votre attention ! Questions et remarques :


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